Chronique Engagée n°2 🌱

LA VALEUR EXTRA-FINANCIERE DES ENTREPRISES, VERS UNE NOUVELLE APPROCHE DU MODELE ECONOMIQUE

Le constat n’est plus à faire, nous voyons aujourd’hui les impacts de l’activité économique sur les hommes et l’environnement. Dérèglement du climat, raréfaction des ressources, crise de sens… en sont les conséquences, mais représentent aussi de nouvelles contraintes, qui pèsent et vont peser toujours plus sur nos entreprises. Nous devons dès à présent commencer à faire mieux, avec moins…

Une réalité qui exige de s’interroger sur le rôle et la finalité des entreprises, pour la société, pour les femmes et les hommes et pour la nature.

Il est temps de dépasser le stade de la prise de conscience, et d’engager un vrai changement ; et pour cela il est indispensable de repenser ce qui fait vraiment la valeur ajoutée des entreprises dans le monde d’aujourd’hui

La valeur extra-financière permet d’envisager une entreprise à travers un autre prisme que celui de la finance. Si par définition, elle ne se mesure pas, du moins pas avec les outils jusqu’alors utilisés, des systèmes de notation existent basés sur de nouveaux critères tels que la politique de ressources humaines, les relations avec les clients, les fournisseurs et les sous-traitants, le respect de l’environnement, la gouvernance de l’entreprise (les thématiques du référentiel ISO 26 000 relatif à la Responsabilité Sociétale des Entreprises).

Elle s’appuye donc sur l’évaluation des ressources immatérielles, l’ensemble des ressources non-quantifiables : le capital relationnel qui englobent les interactions externes que tissent l’entreprise avec son territoire géographique et ses clients – le capital structurel : l’organisation et les modes de fonctionnement – et le capital humain : les savoir-faire, les connaissances que chacun apporte à l’organisation.

Tout autant que le capital financier, ces ressources constituent les forces vives de l’entreprise, ses meilleurs atouts pour sortir d’un modèle de production et de consommation le plus souvent court-termiste et aveugle.

Car le changement exige de repenser la finalité des entreprises : si le modèle basé sur la génération de valeur purement monétaire reste dominant, force est de constater qu’il n’est pas soutenable au regard de ses impacts sur l’environnement et par conséquent sur l’homme et qu’il n’apporte ni équité, ni bien-être, ni prospérité au monde.

Pour de nombreux chefs d’entreprises, mais aussi pour les citoyen(ne)s, les salarié(e)s, la finalité d’une entreprise doit être aujourd’hui de contribuer positivement à la société au sens large, tout en assurant le rendement suffisant à sa pérennité et un partage équitable de la valeur produite. Ce qui était jusqu’alors un but doit devenir un moyen.

Considérer la valeur extra-financière est le premier pas vers l’émergence d’une vision neuve de son entreprise et de sa mission. Ce travail, qui relève d’une observation et d’une réflexion approfondie, doit être bien plus qu’une déclaration de bonnes intentions, mais le terreau d’un véritable engagement.

Dans un premier temps, il s’agit d’identifier les termes de la création de valeur, tout en reposant les fondamentaux de l’entreprise, d’en comprendre l’environnement et le positionnement, d’analyser son organisation en incluant les dimensions économiques, sociales et environnementales.

Cette étape est fondamentale pour faire émerger une nouvelle voie, non plus dans la seule perspective d’un marché, mais dans celle d’une contribution plus juste et plus durable aux besoins des individus et des organisations, qui engage qualité du management, savoir-faire et process, capacité d’innovation, relation aux fournisseurs, clients…

Dans l’élaboration d’un scénario de changement, les ressources non matérielles sont alors précieuses pour se projeter, des leviers solides ; couplées à l’analyse financière, elles permettront d’élaborer le modèle, tout en évaluant les risques et les perspectives d’évolution.

Pour la majorité des PME, la souplesse, la proximité, les valeurs humaines et leur capacité à se transformer sont des atouts majeurs pour répondre aux enjeux de demain.

Repenser ce qui fait sa valeur ajoutée, impliquer tous les acteurs, donner à chacun les moyens d’agir, réduire son impact sur l’environnement et produire mieux… Il n’y a que de bonnes raisons à engager le changement vers une entreprise durable, avec réalisme et conviction !

Nicole HAXAIRE

VIVEMENT MARDI - Membre de la Commission Entreprenariat Durable
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